GROUPE ARCHÉOLOGIQUE DU MESMONTOIS
BILAN 2011
Remontage du donjon et de la salle des gardes
Jour d'affluence au château Pose de portes et fenêtres à l'ancienne
Cahiers du Mesmontois n° 84
Le Groupe archéologique du Mesmontois fêtera dans 2 ans ses 40 ans d’existence. Association de bénévoles fondé en 1973 par les fouilleurs de la cité antique de Mediolanum, il a progressivement élargi son champ d’activité, de la fouille à la conservation, à l’étude et à l’ouverture au public de l’ensemble du patrimoine du canton de Sombernon. De nombreuses publications d’histoire locale et ses interventions sur plusieurs sites de la région – Sombernon, Ancey, le château de Marigny…- lui ont assuré une reconnaissance publique ; mais c’est au château de Mâlain qu’il consacre depuis une quinzaine d’années l’essentiel de ses efforts.
Photos Jeannie Désirant
A Agey comme à Fleurey d’autres associations oeuvrent en effet désormais dans des domaines proches ; et le seul site de Mâlain suffit pour l’heure à l’occuper. Mâlain dispose en effet d’un patrimoine exceptionnel, unique même sans doute par la multiplicité de ses ressources. Qu’on en juge :
La Faille de Mâlain est connue de tous les géologues. Se porter sur la terrasse panoramique établie par le Gam au sommet de la grosse tour du château vaut aux visiteurs non seulement une des plus belles vues de la région mais une exceptionnelle leçon sur l’histoire de la terre. Outre la faille et son basculement de relief qui a fait affleurer au nord les terrains de l’ère primaire (visibles dans l’ancienne carrière de granit), on peut embrasser du regard la ligne de partage des eaux entre les bassins de la Seine et de la Saône. Au nord, les falaises de Baume-la-Roche et le Mont Aigu annoncent le Bassin parisien ; au sud la trouée de la Vallée de l’Ouche participe du fossé Saône-Rhône. Des buttes tabulaires comme le Mont Cocheron ou la montagne de Mesmont permettent d’apprécier le travail de l’érosion.
Les falaises de Baume-la-Roche La faille de Mâlain à "Perrigny"
Mais cette présence de la faille vaut aussi à Mâlain une grande diversité de sols et de paysages propice à l’installation des hommes : chaume calcaire des rebords de plateaux et des buttes pour le pacage des troupeaux ; carrières de granit et de divers calcaires, à bâtir, à chaux, à lauzes ou à tailler ( à entroques ou oolithique) ; mines de gypse et de fer ; marnes et argiles des fonds de vallée pour les pâtures ou à façon (poteries et tuileries de Sombernon et de la Vallée de L’Ouche) ; coteaux aux terres d’éboulis plus légères et bien exposées propices à l’arboriculture et à la viticulture ; terrains de compartiments de faille effondrés, plus plats et cultivables car irrigués par les sources surgies des côtes ; combes boisées…
La nature a ainsi offert ici aux hommes tout ce dont ils pouvaient avoir besoin pour vivre ou survivre ; et selon les circonstances ou l’époque, toutes ces ressources seront exploitées et vaudront à Mâlain un patrimoine historique et archéologique incomparable.
Partant du plus ancien, nous y trouvons une grotte – le Trou du Diable – qui va être occupée de la préhistoire à la fin du Moyen Age ; mais aussi un oppidum néolithique – le Mont Cocheron – et de nombreux vestiges – enceintes, tumuli – de la Protohistoire ; l’oppidum de Mesmont est à portée d’oiseau et un site celtique princier, comparable au Mont Lassois, qui mériterait d’être étudié.
L'entrée de la grotte du Trou du Diable, face sud de la butte
C’est d’ailleurs la présence de cet oppidum qui explique l’apparition au 2ième siècle avant J.-C. et le développement à l’époque romaine de l’agglomération gallo-romaine de Mediolanum. Avec ses 100 hectares de superficie reconnue, ses rues et ses quartiers planifiés, son théâtre et ses nombreux sanctuaires, Mediolanum est alors, avec Alesia, la seule vrai ville de ce qui sera la Côte d’Or ; et les fouilles qui y seront reprises un jour ne manqueront pas de confirmer et dépasser les découvertes des 20 ans de recherches archéologiques du GAM en La Boussière.
Une cave Découverte de la Dame de Mâlain
Une salle chauffée par hyppocauste
Les thermes de la villa d'Ancey Aureus
Plus près de nous, si seul un œil exercé peut retrouver dans le plan du village actuel le tracé du bourg castral médiéval, le château de Mâlain ne peut passer inaperçu sur son croton de faille dominant le village et les champs environnants. Occupé du 11ième au 17ième siècle mais en ruine et menacé de complète disparition en 1985 quand le Gam entreprend sa sauvegarde et son étude, il a retrouvé une part de sa splendeur passée et attire désormais au village un public chaque année plus nombreux.
Une salle restaurée En 2010, visite des officiels pour les 25 ans du chantier
Les mines et carrières exploitées sur place jusqu’à la veille de la Seconde guerre mondiale pour certaines offrent par ailleurs aux promeneurs et aux amateurs d’archéologie industrielle de nombreux vestiges à découvrir : fours à chaux attenants à la gare ; carrières souterraines de pierre à chaux au pied du Mont Aigu ; mine de Gypse ; carrière inondée de granit ; bas fourneaux…
Mine de gypse Le château vu de Savigny
Depuis la terrasse panoramique du château, le GAM organise pour les groupes qui en font la demande une lecture du paysage qui permet d’évoquer de façon particulièrement didactique toute l’histoire de l’humanité, depuis la Préhistoire avec Le Trou du Diable jusqu’à nos jours avec l’impact du chemin de fer, de l’autoroute et de la proximité de Dijon sur le développement actuel du village en passant par l’Antiquité avec Mediolanum et le Moyen Age avec le château et le bourg castral. Une leçon qui plait à tous les publics et se feuillette comme un livre d’images du haut de cette butte aux mille visages : émergeant de la brume matinale ou partant à l’assaut d’un ciel étoilé, écrasée de soleil en plein été ou offerte à toutes les bourrasques, île au milieu d’une mer de brouillard pour qui l’aborde du plateau en automne ou silhouette fantomatique planant sur un village assoupi.
Au sein de l’association, trois équipes concourent solidairement à la réussite, chaque année plus évidente, du chantier de restauration du château de Mâlain : celle, locale, qui assure l’entretien du site à l’année ; celle, plus ouverte sociologiquement et géographiquement, qui relance en juillet la campagne estivale de restauration proprement dite ; celle, locale encore, qui veille à l’ouverture du site et à son animation. Certaines personnes sont présentes dans les 3 équipes, d’autres plus spécialisées ; mais c’est la conjonction des forces et des compétences de tous ces bénévoles qui explique le succès d’un chantier fonctionnant pourtant depuis quelques années sans subvention publique, sur ses seules ressources.
Si une association de bénévoles comme la nôtre n’a pas vocation à produire de l’argent, elle ne peut, en effet, s’en affranchir totalement pour mener à bien ses projets. Aussi convient-il de présenter l’origine de nos fonds propres avant de détailler l’emploi que nous en avons fait.
Le château est ouvert au public les samedi et dimanche après-midi, de Pâques à la Toussaint, mais aussi tous les jours (sauf le lundi) en juillet et en août ; et les groupes qui en font la demande peuvent bénéficier toute l’année d’une visite guidée du château, du musée et de la ville gallo-romaine de Mediolanum.
35 groupes ont ainsi été accueillis cette année et nous sommes passés de 5000 à plus de 7000 visiteurs ! Le prix d’entrée, très modeste -2 € (4 € pour une visite guidée)- n’est plus un handicap compte tenu de l’offre : un site exceptionnel et une terrasse panoramique pour l’apprécier ; des jardins ; une roseraie ; 7 salles hors d’eau dont 2 restaurées à l’identique et opérationnelles…
Philippe Roy a assuré à lui seul l’essentiel des visites guidées ; mais le même Philippe Roy, Jean et Guilaine Béné, Yves Belotti, M. et Mme Merot, Odile Rabilloud, Monique Tissot, Lily Troisgros ont également tenu de nombreuses gardes, aidés à l’occasion par d’autres sociétaires dévoués, M. et Mme Collin, la famille Orthlieb, le maire de Mâlain, Mme Chausson, M. et Mme Jacquelin…
M.L. Troisgros, une fidèle O. Rabilloud, notre trésorière ceille au grain
Philippe Roy, notre principal guide bénévole Bénévole au travail
Aux recettes des entrées s’ajoutent celles des animations qui sont régulièrement programmées et attirent un vaste public : 700 personnes pour notre fête de réouverture en avril ; 2000 en juin pour la fête des sorcières ; mais moins de 300 pour les fêtes du patrimoine en septembre en raison de la concurrence ! Aux fêtes organisées par les bénévoles du GAM s’ajoutent désormais celles organisées au château par les associations ou les particuliers auxquels nous ouvrons le site. Deux salles du logis seigneurial sont en effet désormais couvertes et fermées et les appentis et les installations de la basse-cour (four à pain, ateliers, scène) se prêtent parfaitement à toutes sortes de manifestations : jeux scéniques, repas, réunions familiales…
Retrouvailles entre anciens fouilleurs de Mediolanum Vente de nos publications
Affluence pour la fête des sorcières le 6 juin
Visite guidée Cuisine médiévale au château (G. Béné, M. Tissot, B. Bavoil)
Des circuits découverte sont par ailleurs proposés au départ du château : sentier botanique de la butte ; parcours du village ; Boucle du Chauvin, pour ne parler que de ceux pour lesquels existent déjà des brochures, œuvre conjointe de Patrice Douteau et de Jannie Désirant. Mais d’autres approches sont à l’étude : découverte du jardin médiéval ; jeu de piste autour des plantes sauvages présentes au château ; rallyes pédestres, cyclistes ou automobiles de découverte du patrimoine local…
Mâlain est en effet non seulement en lui-même un site exceptionnel par la multiplicité de ses richesses qui en font un lieu idéal pour comprendre l’histoire de la terre et des hommes ; mais, avec la bretelle autoroutière de Pouilly-en-Auxois, la ligne de chemin de fer du « PLM » et la proximité de la capitale régionale, le village est en quelque sorte le moyeu d’une roue d’où rayonner sur une région à l’environnement et au patrimoine riches et variés. Un atout de taille assurément ; mais le GAM aura bien besoin de l’appui des pouvoirs publics pour le voir exploité pleinement. La CCVO l’a compris qui commence à prendre en charge l’aménagement du site de Mediolanum et du parking du château. A terme assez rapproché, pour peu que les bonnes volontés et les moyens tant publics que privés s’unissent (le GAM est ouvert à toute initiative de particuliers ou d’associations), ce sont plusieurs dizaines de milliers de visiteurs qu’on pourrait raisonnablement espérer à l’année pour ce site idéalement placé et si prometteur pour un tourisme vert, patrimonial et responsable.
L’entretien et l’aménagement du site :
L’entretien du site et son aménagement pour l’accueil du public est un travail qui requiert une présence quasi journalière: plantation et entretien du jardin médiéval et de la roseraie ; taille de la vigne et palissage des arbres fruitiers ; désherbage des cours ; confection des plessis. C’est la responsabilité d’Henri Dufour, le jardinier bénévole des lieux, aidé par Yves Chassignole et Michel Jacquelin. Denis Moissenet se consacre pour sa part aux ruches qu’il a installées pour nous, idéalement, à la pointe sud-ouest de la basse-cour sur un promontoire rocheux. La minéralité des lieux est ainsi adoucie et animée par la végétation : giroflées et plantes sauvages accrochées aux murs et aux rochers pour la découverte desquelles un de nos bénévoles, Patrice Douteau, a concocté un petit jeu de piste ; légumes du jardin médiéval d’Henri Dufour ; vigne et fruits, du même ; plantes aromatiques et médicinales et roseraie d’Anette Roussel.
Mais nous avons également entrepris d’aménager les abords du château. Le cantonnier du village, Arnaud Dupaquier, a débroussaillé les abords du parking et nous avons beaucoup travaillé cet hiver sur la face nord du château : la forêt qui masquait la faille qui sert d’assise au château a été éclaircie ; le terrain a été partiellement aplani avec l’aide de David Milhem ; Guy Dufour et Yves Chassignole ont commencé à dégager les restes de la basse-cour primitive du château. Il nous reste à ménager des stations en bordure du chemin d’accès pour que les personnes âgées ou handicapées puissent s’asseoir dans la montée et à rendre plus accueillant le terre-plein à l’entrée du château : plantation d’une haie de buis et de fusains ; pose de bancs et de tables ; construction d’un ou plusieurs appentis ouverts pour abriter les visiteurs et/:ou servir d’étals aux artisans et exposants lors des fêtes. Ce sera le travail de l’équipe locale cet hiver, aux appentis près qui ne pourront y trouver place que lorsque nous aurons débarrassé les abords de l’entrée du château des matériaux qui l’encombrent encore.
Pose du colombage par Sylvain Klein Chauffe du four par Anette Roussel
Débrousaillage de la face nord (H. Dufour et Y. Chassignole) Préparation du torchis
Dans l’hiver qui s’annonce nous prévoyons de débroussailler la face sud qui requiert le même traitement : la forêt se rapproche dangereusement des murailles que le lierre recolonise et le sentier qui fait le tour du château tend à s’effacer ! Le chantier d’été se voit certes d’avantage ; mais sans le travail à l’année de l’équipe locale le château serait mort et la tenue du chantier de restauration compromise.
La préparation du chantier d’été :
L’équipe locale ne se contente pas d’entretenir, d’aménager et d’ouvrir le site. Son rôle est encore essentiel dans la préparation et la clôture du chantier d’été.
Avant l’arrivée des bénévoles du camp de juillet, c’est elle qui définit les secteurs d’intervention, met en place si nécessaire les échafaudages, achemine sur place les matériaux. Et si nous achetons tout ce qui nous manque – chaux et sable déjà, nous récupérons sur place dans les éboulis tous les matériaux disponibles et nous sollicitons les dons. Cette année encore nous avons pu bénéficier de l’apport gratuit de nombreux matériaux : tomettes et pierres par M. Lachiche ; bois de charpente et pierres par Henri Germain ; bois de chauffe et pierres par la mairie ; poutres par Claude Orthlieb ; dalles de sol par Henri Dufour ; tuiles par Louis Roussel. Ce sont là autant de dépenses évitées dans un budget toujours tendu, puisque nous vivons de nos seules ressources propres (entrées ; fêtes ; dons ; adhésions ; vente de publications), abondées ou non par la Fondation du Patrimoine en fonction des dons reçus par nous.
Après le départ des bénévoles du camp d’été, c’est encore l’équipe locale qui achève ce qui n’avait pu l’être et remet en ordre le chantier. Si nous gâchons 4 palettes de chaux en juillet, nous en utiliserons encore au moins une en automne après leur départ et une autre au printemps avant leur arrivée. Il faut en effet finir ce qui a été commencé et intervenir partout où un danger pourrait se présenter si des bénévoles inexpérimentés s’y trouvaient impliqués ainsi que dans tout ce qui requiert de la technicité et du soin plus que de la main d’œuvre :
travail en sous-œuvre ; chaînages ; pose de portes et fenêtres… Le tiers des restaurations est donc assuré par l’équipe locale sans qu’il ne nous en coûte 1 kopek. Le succès de ce chantier trouve là une bonne part de son explication.
Le CHANTIER D’ÉTÉ :
Quelques importantes que soient dans la réussite du chantier de restauration du château de Mâlain les compétences et la disponibilité de l’équipe locale, c’est en été, avec l’arrivée des bénévoles, que le chantier connaît ses développements les plus spectaculaires.
Bivouac au château Un départ de compagnons en fin de chantier
La saison 2011 a duré 5 semaines d’affilée et a été particulièrement réussie grâce à un encadrement renforcé et à un gonflement significatif des effectifs. Nous avons pu en effet bénéficier de l’aide ponctuelle de 5 camps scouts campant au pied du château et de la présence en continu d’une vingtaine de bénévoles : les 3 à 5 jeunes encadrés par Jean-Louis Questiaux ; 16 Compagnons (en 4 groupes distincts) ; des volontaires de tous âges, anciens de l’équipe fidèles au rendez-vous ou nouveaux venus. L’encadrement était à la hauteur : Sylvain Klein a été présent en bénévole tout le mois pour tous les travaux de charpente ; Henri Dufour a pris en charge la confection des torchis ; et nous étions 3 bénévoles pour encadrer le travail de maçonnerie : Pierre-Etienne Robinet, élève architecte et ancien bénévole du Gam revenu en stage ouvrier ; Jean-Louis Anglésio, maçon professionnel ayant déjà travaillé pour nous au château ; et le président du Gam, moi-même.
Aspects du chantier du Donjon
Ce furent ainsi pas moins de 60 m3 de maçonnerie qui ont pu être remontés au prix de manipulations nombreuses où les Scouts firent merveille et sans que nous ayons eu à déplorer le moindre incident. Le résultat est spectaculaire dans la basse-cour et à l’entrée, en surplomb du corps de garde ; mais le travail accompli dans le logis seigneurial et sur les jardins n’est pas moins remarquable.
Dans la basse-cour Sylvain Klein a construit un dernier appentis pour assurer la liaison entre l’appentis abritant le four à l’entrée et l’enfilade menant à la scène. Plus étroit que cette dernière, il nous permettra de faire passer les plats à l’abri des intempéries lors des fêtes et le mur du fond va accueillir le plan du château et quelques panneaux explicatifs pour les visiteurs. Quant à l’appentis abritant le four, Sylvain Klein l’a partiellement fermé par une cloison en colombage qui isole des courants d’air les gardiens et gardiennes attendant les visiteurs tout en évitant que ces derniers ne s’approchent trop du four quand il fonctionne et s’y brûlent ou gênent les cuisiniers et mitrons de service.
Construction de l'appentis par Sylvain Klein
L'enfilade vue de l'est L'appentis faisant face à l'entrée
Il nous restera à aménager sous ces appentis les ateliers qui y sont prévus. Seul celui du menuisier est pour l’heure opérationnel mais celui du tailleur de pierre, celui du potier (pour lequel nous avons récupéré un tour à l’archéodrome) et la forge prennent forme. Et Emile Mouillon nous a aménagé près de la scène des latrines sèches des plus traditionnelles qui font merveille ! Pas d’odeurs hormis celle de la sciure ; un trône qui fleure bon le bois de chêne et accueille en douceur les fondements : que demande le peuple ! Nous en installerons d’autres dans la cour haute et à l’extérieur pour satisfaire les besoins intrinsèquement légitimes d’un public toujours plus nombreux.
Les toilettes sèches au ied de la scène Etat actuel des ateliers sous les appentis
Toujours dans la basse-cour mais contre le mur de partage de 1422 et en vis-à-vis de la cabane en pierre sèches d’Henri Dufour, Sylvain Klein a construit une petite cabane basse en colombage qui nous permettra d’entreposer à l’abri des regards nos brouettes et outils et pourra accueillir lors des fêtes les animaux de basse-cour – poules, lapins, dindes…- qui font le bonheur des enfants. Henri Dufour a confectionné le torchis et nous nous apprêtons à installer devant un enclos avec les grilles données à cet effet par M. Pelissonnier.
Enfin David Milhem nous a aidé, avec sa mini pelle, à réaliser 2 terrasses face à la scène pour accueillir les spectateurs lors des représentations. Une troisième sera construite cet hiver (à l’emplacement du tas de pierres) qui achèvera l’aménagement de la basse-cour.
Autre réalisation de cette campagne d’été : la petite salle haute du corps de garde. De cette salle ne subsistait que le seuil de la porte. Nous n’en avons pas moins décidé de la reconstituer en nous inspirant de la salle inférieure afin de mettre cette dernière hors d’eau et de pouvoir disposer là à terme d’un local où accueillir les visiteurs et présenter une exposition permanente sur l’histoire du château et de sa restauration. La partie maçonnerie de ce projet est quasi terminée : les murs sont remontés à hauteur de corniche mais deux fenêtres restent à tailler avant de pouvoir mettre en place la charpente. Si nous disposions d’assez de fonds pour cela, ce pourrait être fait l’an prochain. La fenêtre à l’ouest sera refaite à l’identique de celle existant au niveau inférieur. Quant à la fenêtre nord, nous avons opté pour une baie géminée avec trumeau central ( dessin de Michel Barastier) afin de bénéficier au mieux de la vue sur les falaises de Baume-la-Roche et de bien éclairer la salle. Cette baie sera la première chose qu’apercevront les visiteurs dans la muraille en débouchant de la forêt par le chemin d’accès et il importe que l’effet soit réussi et que le gardien présent dans la salle puisse contrôler le flux des visiteurs.
La salle avant et après la campagne de restauration de 2011
Troisième et non des moindres réalisations de cette campagne estivale, le DONJON a été remonté de 1 à 3 m de hauteur selon les faces et a retrouvé de ce fait en partie sa place dans le paysage. Ses restes étaient en effet si peu évidents pour le profane que les visiteurs passaient à côté sans le voir et identifiaient le donjon à la grosse tour ronde du logis seigneurial ! Je dois ajouter que 2 autres raisons au moins militaient pour sa reconstruction partielle : c’est par lui que les visiteurs indélicats et les vandales pouvaient accéder au château quand les portes étaient closes ; enfin les visiteurs entreprenants qui s’y engageaient risquaient à tout moment une chute depuis le rocher ou dans le « cellier » occupant l’angle nord-ouest du donjon.
Pour ce travail nous nous sommes bien sûr inspiré de l’existant ; mais nous nous sommes autorisés quelques aménagements pour nous épargner de la peine ou disposer de quelques opportunités. C’est ainsi que si le mur nord a bien été remonté de près de 3 m dans le respect scrupuleux de l’appareillage et de l’épaisseur d’origine, le mur ouest a été en revanche légèrement aminci et percé d’une petite porte de communication avec la salle attenante du corps de garde : le mur pouvait être ici aminci parce que son parement interne n’existait plus et disparaîtrait de toute façon sous le sol que nous serons amené à rétablir prochainement ; enfin une porte s’imposait pour accéder au « cellier » que nous nous proposons de transformer en citerne.
Le donjon et la "salle des gardes" ou porteire vus du chemein d'accès
En vue plongeante, le donjon fin juillet En travaux dans la bonne humeur
Comme le projet de restitution de Michel Barastier le montre, il est prévu de remonter les murs du donjon d’au moins une hauteur d’appui (+ ou – 1 m) au dessus du sol afin d’éviter les chutes. Un sol doit être coulé l’an prochain à l’intérieur du donjon pour en permettre l’accès sans risque aux visiteurs. Dans cette perspective nous avons déjà consolidé les murs internes du donjon et commencé à remblayer en tout venant ce qui doit l’être. Si au nord le « cellier » ne peut être comblé et devra être recouvert par une dalle sur hourdis en remplacement du plancher originel, au sud le rocher plonge et les vides peuvent être comblés avec des pierrailles avant d’être recouverts par une dalle qui devra laisser apparent le rocher là où il avait été aplani pour servir de sol. Notre restauration rétablira un sol qui respecte les murs et le rocher taillé mais où seront ménagées une pente et de légères saignées qui amèneront les eaux de ruissellement dans le « cellier » que nous transformerons en citerne en l’étanchéifiant. Une porte s’imposait donc dans le mur ouest pour accéder à cette citerne. Et outre les eaux de ruissellement du donjon, la citerne pourra accueillir les eaux de la toiture de la salle des gardes quand celle-ci sera terminée. Nous devrions ainsi pouvoir disposer là d’une réserve d’eau suffisante pour les gâchées à venir et l’arrosage des jardins.
La roseraie en gestation dans une des salles du logis appuyé au donjon au sud-est a également fait l’objet d’importants travaux : consolidation et remontage de la cheminée ; création d’une allée entre la porte d’entrée et la porte ayant du donner accès en face au couloir des latrines ; confection de 2 portiques en acacia aux deux bouts de cette allée ; restauration sur 1 à 2 m de haut du mur sud de la salle, presque entièrement disparu ; apport de près de 4 m3 de terre végétale et plantation, sur un plan d’Anette Roussel, de rosiers anciens offerts par M. et Mme Demimuid. La roseraie prend forme et devrait avoir belle allure dès l’an prochain. Avec la salle en contrebas où des simples prennent place, c’est toute la montée au château qui s’en trouve animée tout en préservant la trace de ce qui a existé là au 13 et 14ième siècles : un bâtiment d’habitation sur 3 niveaux adossé au donjon ! Façon satisfaisante, je crois, d’associer le plaisir des sens à la connaissance. Nous ne restaurons que ce dont nous sommes sûrs et qui peut être de nouveau utile pour la visite ou l’animation du site ; les ruines sont et seront simplement consolidées ailleurs.
La roseraie avant les dernières plantations
Dernière réalisation, et non des moindres, financièrement bien sûr mais aussi pour la qualité du travail et l’impact auprès des visiteurs : la pose par des professionnels de PORTES et FENETRES dans les 2 salles couvertes du logis seigneurial. C’est le menuisier local, François Chaineaux, qui a confectionné et posé les portes et fenêtres, volets intérieurs et badigeon compris, l’entreprise Weinling de Saint-Apollinaire qui a réalisé les vitraux et l’entreprise des Forges de Signa qui a fourni les ferrures manquantes. L’effet est des plus réussi et les 2 salles, désormais à l’abri des courants d’air, deviennent pleinement opérationnelles. Seuls manquent à l’illusion de l’authenticité et à l’esthétique des lieux l’enduit des murs et les tomettes carrées du sol : ce sera l’étape ultime.
Le menuisier, François Chaineaux, devant son oeuvre
Cet aperçu des réalisations de l’année ne serait pas complète si nous n’évoquions les quelques journées passées à l’archéodrome de Beaune – Les Taillys pour récupérer diverses maquettes, des objets et des matériaux promis à la pioche des démolisseurs ou à la convoitise des brocanteurs si la SAPRR n’avait consenti à les céder gracieusement à la fédération des associations archéologiques de Bourgogne, le CODRAC. Nous avons pu ainsi récupérer un grenier médiéval, la maquette des fouilles de La Boussière mais aussi celles d’une villa gallo-romaine, d’une huilerie et du travail du fer à l’époque gauloise ainsi que la reproduction grandeur nature d’un char gaulois et divers objets de la vie quotidienne comme des céramiques, des tuiles romaines, des paniers en osier, quelques outils, un tour de potier, divers matériaux. Tout ce qui a été récupéré trouvera sa place au musée et au château, voire pour certaines pièces sur Mediolanum si le projet porté par la CCVO aboutit.
Démontage du grenier à l'archéodrome La maquete à éch.1/3 du travail du fer à l'époque gauloise
PROJET 2012
En 2011 nous avons consacré la totalité de nos ressources au château, soit 25000 € et nous terminons l’année sans fonds suffisants en caisse. Nous tablerons donc pour 2012 sur un budget en baisse, quitte à le revoir à la hausse si les rentrées sont plus importantes que nous l’envisageons.
Premier travail qui sera réalisé dans l’hiver et pour lequel commande a déjà été faite auprès du charpentier : la pose du plafond de la salle basse donnant sur la canonnière. Les poutres sont déjà sur place. Le plafond cachera la disgracieuse dalle sur hourdis qui sert de sol à la salle supérieure et nous permettra d’aménager la pièce en annexe de la cuisine : nous y placerons des paniers en terre et osiers récupérés à l’archéodrome de Beaune, un échantillonnage des plantes et légumes utilisés au Moyen Age ainsi que divers panneaux didactiques et des reproductions sur l’alimentation et les repas d’une mesnie seigneuriale au temps des Ducs de Bourgogne.
Deuxième travail, qui devrait être lui aussi réalisé dans la morte saison par l’équipe locale : la suite et la fin de l’aménagement de la basse-cour.
Dans ce programme figurent :
- la mise en place de l’enclos poulailler devant la petite cabane en colombage adossée au jardin médiéval ;
- l’évacuation du dernier tas de pierres encombrant la basse-cour ;
- la réalisation d’une troisième terrasse entre la scène et le fond de la cour ;
- l’aménagement de la forge, de l’atelier de potier et de celui du tailleur de pierres sous l’enfilade des appentis de la basse-cour ;
- la plantation le long du mur d’enceinte de 3 ou 4 arbres fruitiers en espalier ;
- la reprise de l’angle ouest de la scène, qu’il convient de transformer en pan coupé pour rétablir une continuité optique depuis l’entrée.
Ces travaux étant réalisés par les bénévoles locaux, leur coût est négligeable, voire nul.
En maçonnerie l’effort portera en premier lieu sur le donjon :
- comblement du sol ;
- coulée d’une dalle de sol selon les principes évoqués plus haut ;
- exhaussement de 1 m des murs périphériques ;
- restitution à l’angle sud-est de la porte d’entrée (nous devrions pouvoir récupérer à moindre coût une petite porte voûtée ancienne de la région) et du palier d’accès donnant sur l’escalier du château ;
- étanchéité du « cellier ».
C’est à ce chantier que devrait être consacré l’essentiel de notre temps en juillet ainsi que le plus gros des frais d’achat de matériaux (chaux ; sable ; pierres) soit 6000 € au bas mot.
L’autre chantier de l’été sera celui de la cuisine :
- rétablissement du mur sud et de sa fenêtre (taillée et livrée par Gauvain cet été) ;
- récupération de la charpente de la salle attenante qui sera réinstallée sur la cuisine, mais sans sa couverture en tuiles, trop lourde et trop pentue ;
- restauration du four à pain et de l’entrée de la cuisine de Catherine de Montagu (cf. histoire du château et du partage de 1422) à l’ouest, si nous en trouvons le temps;
- restitution du pied-droit sud de la grande cheminée ;
- rétablissement du sol dallé de la cuisine, conservé sur 1/3 de la surface seulement.
La cuisine vue du nord Etat actuel de la façade sud de la cuisine
Avec ces travaux la cuisine sera hors d’eau quoique ouverte et donc opérationnelle avec ses deux fours. Les 2 salles du logis étant désormais fermées et à l’abri des courants d’air, des repas pourront y être organisés dans des conditions optimales. Le four de la basse cour servira à la cuisson du pain et des plats ; mais les 2 petits fours de la cuisine pourront nous servir à réchauffer les plats et suffiront amplement pour des tablées normales.
Mais ces réalisations sont subordonnées dans une large mesure au démontage préalable de la couverture en tuiles et au plafonnement de la salle comprise entre la cuisine et la tour. Nous devrions en effet pouvoir récupérer cet hiver à l’archéodrome les bois de chêne nécessaires à la restitution dans cette salle du plafond à la française d’origine en remplacement de la charpente provisoire de sapin en place actuellement ; les corbeaux ayant supporté les poutres maîtresses sont encore en place et une toiture de bacs acier dont le financement est prévu dans le projet 2012 remplacera la toiture de tuiles. Ce chantier sera avec celui du donjon notre priorité dans le budget de l’année.
La salle attenante à la tour avec sa toiture provisoire, à déplacer sur la cuisine
Etat actuel de la salle
Notre charpentier, Sylvain Klein, sera encore mis à contribution pour le remontage du grenier médiéval récupéré cet été à l’archéodrome. Entièrement chevillé et exclusivement en bois de chêne débité à la hache, il devrait prendre place sur le rocher au pied du donjon. Pourrons-nous tailler sur la lancée les centaines de bardeaux de châtaignier de la couverture ? C’est moins sûr ; mais nous abriterons au besoin le toit du grenier sous une bâche en attendant d’avoir les moyens d’acheter les billes de bois nécessaires et le temps de les façonner en planchettes.
A l'archéodrome, le grenier avant son démontage et en cours de démontage
Emplacement de l'appentis et des toilettes sèches (ici celles de la basse-cour) en projet
J’ajoute pour la bonne bouche que la cadran solaire conçu par Patrice Douteau pour le mur de la cuisine va être finalisé (le style est en place et les heures tracées depuis l’an passé ; mais les chiffres ne sont pas inscrits ni le fond enduit qui rendraient le cadran pleinement visible) et un deuxième cadran, horizontal celui-là, sera matérialisé au sol de la basse cour devant la scène. Ce sera la touche finale de l’aménagement de la basse cour.
Un tel programme peut paraître ambitieux à qui ne connaît pas le GAM. Mais sauf accident de parcours ou imprévu, il devrait être tenu. Notre bilan parle pour nous et nous porte à regarder l’avenir avec optimisme. Nous croisons les doigts et retroussons nos manches sans attendre.
Pour l’heure, avec l’hiver qui devrait nous éloigner quelque peu du château, nous devrions encore nous activer au musée : refonte de la salle de géologie ; rangement et classement des réserves en vue de prêts et d’expositions temporaires ; installation de la collection de proto-histoire locale donnée au Gam par la famille Vernet ; aménagement des ateliers sous les appentis de la basse-cour. La préparation des publications a par ailleurs repris avec la mauvaise saison : l’Histoire de Mâlain que je vous ai promise est en bonne voie et pourrait paraître fin 2012 ou courant 2013. Michel Barastier, toujours fidèle, nous prépare quelques nouveaux dessins en vue des restitutions à venir.
L’association et son bureau continuent à s’étoffer : nous avons gagné une trentaine d’adhérents cette année ; mais aussi perdu, hélas, deux fidèles soutiens : Mme Feutray, qui nous a fait découvrir Mediolanum et a participé avec passion aux fouilles et M. Ganneval, notre ancien vice-président. Nous pensons avec émotion à eux et à leur famille.
Si les membres actifs du Gam maintiennent leur engagement et se partagent mieux les responsabilités, et si le succès du château auprès du public se confirme, nul doute que le cru 2012 ne devrait pas démériter.
C’est tout le souhait que je fais pour le Gam à l‘aube d’une année qui, je l’espère, vous apportera tout le bonheur possible.
Pour le Gam Louis Roussel
- Nom du fichier : Bilan activité 2011
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